de Marcel Proust by Dictionnaire

de Marcel Proust by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2259211100
Éditeur: Plon
Publié: 2012-12-31T23:00:00+00:00


La Fosse (de Delafosse)

Léon Delafosse (1874-1951), que tout le monde a presque oublié, ne doit son statut d’infime souvenir qu’à la transfiguration proustienne dont il bénéficia en devenant le modèle le plus incontestable du violoniste Morel, l’infâme et gracieux giton du baron de Charlus.

Élève de Marmontel, ce pianiste de moyenne envergure qui donna quelques concerts à Vienne et à Venise avait pourtant un visage si ravissant, et un charme si trouble, que Marcel (qui l’avait baptisé « l’Ange », surnom qu’il attribua plus tard au très gracieux Ilan de Casa Fuerte) songea à devenir son protecteur, avant de s’effacer devant Robert de Montesquiou – qui surclassait la plupart de ses contemporains en capacités protectrices.

C’est ainsi que le jeune artiste fut installé, entretenu, chéri puis haï par le futur baron de Charlus – qui, devant l’ingratitude de son jeune amant, regretta longtemps d’avoir pris la peine de « tailler comme un if » un personnage qui eût mérité d’être abandonné à son état originel de buisson sauvage. D’abord flûtiste dans les Carnets, Delafosse-Morel devint le violoniste qu’il sera dans la Recherche, sans jamais se départir de la psychologie crapuleuse qui lui était officiellement prêtée dans le monde.

Après sa fâcherie avec Montesquiou en juin 1897, cet individu vénal trouva abri et financement sous les ombrelles fortunées de la comtesse Metternich et de la princesse Rachel de Brancovan – ce qui eut pour effet de décupler la haine de Montesquiou. Celui-ci écrivit même un article satirique (dans un Gil-Blas de 1910) intitulé De l’arrivisme au muflisme où il affirmait que, contrairement aux apparences, Delafosse n’était qu’un « peintre » sans talent.

Quand on interrogeait « Hortensiou » (alias Montesquiou) sur les causes de cette hargne si durable, il se contentait de répondre : « Que voulez-vous que j’y fasse si Delafosse est tombé dans son nom ? »

On trouvera dans le Monsieur de Phocas du venimeux Jean Lorrain le récit transposé de cette affaire à travers les tourments du « comte de Muzarett », auteur supposé des Rats ailés, qui compromet sa réputation en protégeant le musicien « Delabarre »…



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.